Aigues-Mortes
Histoire d’Aigues-Mortes
Aigues-Mortes, premier et seul port français de Méditerranée de 1246 à 1481, a connu la gloire d’être le port des départs en croisades (1248 et 1270) et le succès d’obligation du seul port commercial du royaume en Méditerranée. Ici presque 15 000 personnes vivaient de l’activité portuaire et de la culture du sel. Avec l’annexion de la Provence au royaume de France, Marseille devient un port français en 1481. Il n’y a plus de raison qu’il y ait obligation de passer par Aigues-Mortes. Tout naturellement les navires préfèrent se diriger vers Marseille un grand port facile d’accès, directement sur la mer contrairement à Aigues-Mortes mal commode où on ne parvient qu’en passant par les étangs et les canaux. Entre le 16 ème et le 18 ème siècle la vie va quasiment s’éteindre à Aigues-Mortes. Les heures sont douloureuses. Les guerres de religions ont laissé des blessures profondes. Les conditions de vie sont difficiles, tant du point de vue sanitaire qu’économique. Pour la petite histoire, l’eau courante n’est arrivée à Aigues-Mortes qu’en 1895.(une vaisselle en porcelaine a été créée pour cette occasion). De son fondateur Louis IX, le roi Saint, la ville a gardé de nombreux bâtiments religieux : l’église, bien sur, mais aussi les chapelles de Pénitents, les blancs et les gris,qui du 14 ème au 19 ème siècle, faisaient office de services sociaux: aide aux malades et services funéraires. Ces chapelles sont parfois ouvertes au public (les pénitents gris tous les après-midi). On retrouve aussi des appellations comme la porte des cordeliers, en souvenir du couvent des cordeliers, entre la chapelle des pénitents gris et la rue Baudin, dont quelques murs existent encore.
Il y a aussi la chapelle des Capucins, qu’on appelait le cloitre il n’y a pas si longtemps, vestige d’un autre couvent datant du 17 ème siècle et désaffecté au moment de la révolution, transformé en entrepôt, puis en latrines publiques et en Halles, avec les marchands des quatre saisons, de poissons de fromages de chèvre. Au hasard des rues vous apercevrez peut-être une plaque commémorative de la rencontre de François 1er et Charles Quint, au début du 16ème siècle, déjà une ébauche d’entente européenne…
Les noms des tours et des portes sont autant d’évocations d’évènements marquants de l’histoire de notre cité, de l’anecdotique aux grands évènements: la Porte de la Reine en hommage à la visite d’Anne d’Autriche, la Porte des Bourguignons pour le massacre des mêmes qui avaient pris la ville par traitrise
et ont obligé les troupes du roi à assiéger leur propre cité imprenable. Quand les troupes ont réussi à pénétrer dans la cité, grâce à l’aide des habitants pris en otages, les Bourguignons ont été massacrés. Il était impossible de les enterrer, (les sols étaient bien trop détrempés) on a salé les bourguignons dans la fameuse tour afin d’éviter les maladies dues à la putréfaction des corps. Quand on a enfin pu donner une sépulture décente à l’ennemi, leurs ventres avaient gonflé et bleui, d’où le surnom des Aigues-Mortais : Les ventres bleus. Une autre période est encore plus douloureuse dans l’histoire de notre cité, après la révocation de l’édit de Nantes (1685), les protestants sont poursuivis et emprisonnés, la Tour de Constance et d’autres tours de l’enceinte vont se transformer en prison pour protestants et ce jusqu’en 1768. Le chef des Camisards Abraham Mazel réussit à s’échapper de la Tour de Constance en 1705, tandis que Marie Durand y resta 38 ans en captivité, de 1730 à 1768, pour le seul motif de sa foi protestante. (On lui attribut l’inscription « résister » gravée sur la margelle dans la salle haute de la Tour de Constance). La vie à Aigues-Mortes à ce moment là est particulièrement précaire, il ne reste rien de la grandeur de cette cité royale. C’est au cours des deux siècles suivants, 19 ème et 20 ème siècle que la vie va reprendre grâce à plusieurs facteurs et différents pôles d’activité économiques. Tout d’abord, l’ensablement qui a couté la vie au port a finalement eu bien des effets positifs: l’assèchement des marais et marécages a assaini la région de façon naturelle mais à aussi permis d’obtenir des terres sablonneuses riches des alluvionnements du Rhône, sur lesquelles on va planter des vignes suite à la destruction de tous les vignobles de France et de Navarre par le phylloxera, qui n’a pas de prise sur ces vignes des sables. L’arrivée du chemin de fer (1903), les Salins du Midi, une verrerie, où se fabriquaient les bouteilles de la source Perrier, et puis la mode des premiers bains de mer, font d’Aigues-Mortes une station balnéaire, les débuts du tourisme…
Aujourd’hui, Aigues-Mortes la médiévale ensoleillée, vous invite à la flânerie, aux déambulations, au plaisir et à contempler les siècles passés pour mieux rêver d’un avenir éclatant.